Ce numéro de janvier 2025 se nomme LISIÈRES et nous vous proposons de l’ouvrir avec le magnifique travail de dessin d’Amandine Maria, invitée par Julie Michel à revenir sur son travail de résidence : Anadrome, cartographies où collines, rivière, ripisylves forment des monde clos. Peut-être que vous pouvez dès lors poursuivre en vous approchant avec Gaëlle Delort de ces portes sur l’intérieur du monde, ces cavités qui nous permettent d’aller voir un peu ce qui se passe sous la roche. Et puis revenir à la surface, suivre le travail d’Antonin Renard, qui dans le cadre de son diplôme de fin d’études s’est intéressé au devenir d’une forêt très spécifique, la forêt usagère de la Teste-de-Buch, ravagée par les incendies de 2022. Et le constat n’est pas si amer, du drame et du feu surgirent quelque chose d’encourageant, de nouveaux usages, une nouvelle attention et un soin porté au lieu. Autre paysage de lisière, celui de nos côtes, que vient peu à peu grignoter la montée des eaux, Johan Picorit s’est attaché, pour son diplôme, à regarder du côté de Noirmoutier, mesurant et analysant la fragilité et la beauté de cette lisière. Et que dire de la frange entre les paysages agricoles et les paysages bâtis ? Le groupe de recherche Paysage Projet Vivant explore cette problématique dans le Valais central, en Suisse, proposant ainsi d’affirmer cet espace intermédiaire comme un lieu en soi ayant sa propre valeur. Manon Bisson et Valentin Kottelat s’attachent de leurs côtés à penser les espaces qu’ils explorent en tant qu’hommes lichen, brouillant ainsi salutairement la frontière que l’on a longtemps voulu trop nette entre nous et le reste du vivant. Tout n’est ainsi question que d’espaces mouvants, de notions intermédiaires, de faire bouger les lignes et les frontières. Ce travail se poursuit dans la recherche de nouveaux horizons de végétations, comment élargir nos spectres et nos possibilités de plantation, à un moment où la végétation vacille sous les changements violents du climat? James Garnett et Guillaume Portero, travaillent, chacun à leur manière sur ces questions, l’un expérimentant au sein de l’arboretum cimetière de Nantes, le second profitant de chacun de ses voyages pour trouver de nouvelles essences, de nouvelles possibilités de végétation. Enfin, Lucie D’Heygère, agricultrice et animatrice agricole nous raconte son expérience dans ce métier situé au croisement des plusieurs compétences et professions, où comment, depuis où on se situe, faire bouger la ligne parfois si raide, apporter de la souplesse, apporter de la lumière, élargir la fenêtre trop étroite de notre horizon.
En vous souhaitant de belles découvertes et une bonne lecture
Armande Jammes pour Openfield