Au travers de ce numéro consacré à la mémoire, nous avons cherché à agréger des initiatives, des élans mus par des souvenirs de familles, des lieux ou des expériences passées. Pourquoi doit-on se souvenir ? Comment l’avenir se nourrit-il du passé ?
Par leurs témoignages, les autrices et auteurs ici rassemblé-e-s nous donnent une part des réponses à ces questions. Il-elle-s nous laissent entrevoir, grâce à leur mémoire, une fenêtre sur le présent et vers un avenir où les rivières de notre enfance retrouvent un peu de leur éclat passé ; où un fils retrouve les gestes de son père jardinier ; où l’action collective permet d’envisager un accompagnement serein de nos morts. Sans oublier le plaisir de découvrir la ville par ses ruines ou ses lieux enfouis : les gestes ancestraux qui façonnent les paysages ou encore comment les enjeux mémoriels d’une guerre peuvent s’inscrire aujourd’hui dans un territoire.
Pour finir, rappelons-nous les mots de Jean Paulhan à propos des résistant-e-s : « Je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de choses. […] À ceux-là, il faut répondre : “C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement de doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de choses, dis-tu. Oui, c’est peu de choses. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles.”
Espérons donc que nos petits riens, nos souvenirs individuels et notre mémoire collective nous permettent de construire, avec l’ensemble des êtres vivants, un avenir qu’il fera bon se rappeler.
En vous souhaitant de belles lectures,
Marin Baudin pour Openfield