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Mémoire

« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » En 1898, Paul Gauguin posait ces trois questions existentielles au travers d’un tableau demeuré célèbre. Si l’avenir demeure toujours incertain et inquiétant, il apparaît encore plus nécessaire de savoir d’où nous venons, de ne pas oublier. Les mythes et les légendes, les contes, l’Histoire sont là pour se raconter à nous-mêmes nos joies et nos peurs, sans oublier nos deuils et parfois, un peu de sérénité et de plénitude. Ils nous aident aussi à vivre chaque jour et nous sentir être vivant parmi les vivants. Entre devoir de mémoire collective et droit à l’oubli individuel, nos cœurs balancent et le besoin de faire société se dessine comme un chemin de crête. 

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Au travers de ce numéro consacré à la mémoire, nous avons cherché à agréger des initiatives, des élans mus par des souvenirs de familles, des lieux ou des expériences passées. Pourquoi doit-on se souvenir ? Comment l’avenir se nourrit-il du passé ? 
Par leurs témoignages, les autrices et auteurs ici rassemblé-e-s nous donnent une part des réponses à ces questions. Il-elle-s nous laissent entrevoir, grâce à leur mémoire, une fenêtre sur le présent et vers un avenir où les rivières de notre enfance retrouvent un peu de leur éclat passé ; où un fils retrouve les gestes de son père jardinier ; où l’action collective permet d’envisager un accompagnement serein de nos morts. Sans oublier le plaisir de découvrir la ville par ses ruines ou ses lieux enfouis : les gestes ancestraux qui façonnent les paysages ou encore comment les enjeux mémoriels d’une guerre peuvent s’inscrire aujourd’hui dans un territoire.

Pour finir, rappelons-nous les mots de Jean Paulhan à propos des résistant-e-s : « Je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de choses. […] À ceux-là, il faut répondre : “C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement de doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de choses, dis-tu. Oui, c’est peu de choses. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles.”
Espérons donc que nos petits riens, nos souvenirs individuels et notre mémoire collective nous permettent de construire, avec l’ensemble des êtres vivants, un avenir qu’il fera bon se rappeler.

En vous souhaitant de belles lectures,

Marin Baudin pour Openfield

 

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Pour référencer cet article :

Openfield, Mémoire, Openfield numéro 21, Juillet 2023