Mais quand c’est le socle même de la société qui est le problème, nous sommes condamnés à mettre en place de fausses solutions, réformes en demi-teintes et politique des petits pas, en espérant retarder l’inéluctable. Malgré des décennies de COP sur le climat et la biodiversité, les soulèvements de populations indigènes et les manifestations altermondialistes, la civilisation capitaliste et industrielle n’a jamais été aussi proche de rendre la vie sur Terre impossible.
Et si nous avions besoin de renverser la table et de construire quelque chose de radicalement différent ? Si nous créions des sociétés totalement nouvelles, faites de qualitatif au lieu de quantitatif, de low-tech au lieu de high-tech, de sobriété au lieu de compensation, de systémique au lieu du simpliste ? Et si nous envisagions de nouvelles trajectoires de société plus résilientes ? Si développer des imaginaires alternatifs pouvait être un terreau fertile pour incarner de réels changements ?
Issue d’un mémoire de fin d’études présenté en août 2017, cette bande dessinée propose une visite guidée dans un futur résilient, afin de lancer des pistes de réflexion autour des dynamiques de résilience territoriale. Que cette histoire se situe après un “effondrement”, une “transition” ou autre, peu importe : l’espoir est qu’elle supporte la lutte contre l’ancien monde et inspire la construction de nouveaux paysages. Des territoires où coexistent l’être humain et la nature, comme un tout indissociable.
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Retour sur la méthodologie
La conception de cette bande dessinée mêle une vision documentaire (à travers la visite guidée d’un territoire) à une construction classique d’une BD « dans les règles de l’art » (scénario, découpage, dessin final), dans un processus original.
Il y a d’abord eu le choix d’un itinéraire d’environ 60 kilomètres en Europe de l’Ouest, comprenant une diversité de milieux ruraux et urbains. Cet itinéraire permet également d’aborder un certain nombre de thématiques en rapport avec l’aménagement du territoire et/ou le scénario d’un système résilient.
Il a fallu ensuite concevoir un scénario permettant d’associer les thématiques aux différents lieux, par leur intervention le long de l’itinéraire, le tout accompagné d’une enveloppe narrative.
Cette bande dessinée comprend également une dimension « projet de paysage ». Chaque case de l’histoire qui se déroule dans le futur est composée de décors non pas créés de toutes pièces, mais de paysages transformés par une vision prospective de nos paysages d’aujourd’hui.
A quoi ressemblerait, dans un futur proche, cette autoroute, dans l’hypothèse de la disparition de la voiture individuelle ?
Images
Image d’origine (Google Earth), à gauche, et simulation, à droite . Page 35, case 1. On constate par exemple la croissance des arbres, le remplacement de certains d’entre eux, le changement de mobilité et son implication dans l’espace public, le vieillissement des bâtiments, et l’implantation de l’agriculture urbaine.
« La réflexion sur le monde d’aujourd’hui ne peut s’émanciper d’une réflexion sur l’histoire universelle. Les périodes calmes et de prospérité ne sont que des parenthèses de l’histoire. Tous les grands empires et civilisations se sont crus immortels – les empires mésopotamien, égyptien, romain, perse, ottoman, maya, aztèque, inca… Et tous ont disparu et ont été engloutis. Voilà ce qu’est l’histoire : des émergences et des effondrements, des périodes calmes et des cataclysmes, des bifurcations, des tourbillons, des émergences inattendues. […] Au sein même des périodes noires, des graines d’espoir surgissent.»
Edgar Morin
Murray Bookchin – L’écologie sociale : Penser la liberté au-delà de l’humain
Alberto Magnaghi – La biorégion urbaine
Les Greniers d’Abondance – vers la résilience alimentaire !