Pourtant cet état des lieux se veut aussi optimiste, nous avons aujourd’hui les connaissances et la capacité d’arrêter le massacre, et la nature a également une capacité de régénération qui peut nous permettre d’espérer. À nous de nous saisir de ces questions et d’opérer les changements. De nombreux étudiants en Paysage s’emparent aujourd’hui de ces questions, formant une nouvelle génération de paysagistes attentifs à l’impact de l’agriculture sur les paysages. Ainsi le travail de fin d’étude d’Émilie Gruit est-il une illustration du rôle que peut et doit prendre le paysagiste dans la pensée des formes agricoles dans nos sociétés actuelles où ville et agriculture sont intimement mêlés. Car la ville elle-même, non seulement consomme quantité de sols agricoles, mais elle produit aussi en son sein de quoi polluer ces propres sols et les sols voisins. Giulia Pignocchi & Julien Truglas s’alarment ainsi de l’impact des déblais urbains sur la qualité des sols, notamment parce qu’ils sont aussi les réservoirs de l’eau potable que nous consommons. Cette réflexion trouve sa continuité dans le travail que réalise depuis quelques années la paysagiste Lena Soffer, en résidence à la Villa le Nôtre. En établissant une cartographie des sols de Paris qui parle de leurs natures, de la présence ou non de l’eau, des remblais et en y associant des palettes végétales précises et adaptées, elle propose aux habitants de s’emparer de ces questions en investissant et en végétalisant les cours d’îlots. La pédologue Amandine Sanchez nous présente de son côté le fin travail de relevé des sols et des paysages effectués par des pédologues et la Chambre d’Agriculture de la Creuse pour la mise en place d’un Référentiel Régional Pédologique.
Ensuite le travail d’Alain Persuy aborde le lien entre les oiseaux et la sylviculture. S’il ne parle pas directement du sol, il nous a semblé particulièrement intéressant par les outils alternatifs et concrets qu’il propose pour la gestion des forêts, dont l’exploitation est aussi aujourd’hui une source importante de dégradation des milieux.
Nous avons souhaité ensuite présenter deux travaux, qui par leurs dimensions plastiques, nous parlent aussi des sols d’aujourd’hui. Le travail de deux jeunes étudiants en architectures, Guilhem Solère et Telmo Escapil-Inchauspé, qui explorent le potentiel sculptural de la terre et du végétal lorsqu’ils sont utilisés comme matériau. Le travail aussi de la photographe Laure Catugier qui vient saisir ces « fossiles urbains » incrustés dans le sol de nos villes, les fossiles de notre société.
Le sol est aussi porteur d’histoire. Que reste-t-il sous la ville contemporaine de nos ancêtres, de nos légendes, de nos croyances ? Armande Jammes tente de démêler un morceau de notre Histoire cachée dans la plaine du Landy, entre Paris et Saint-Denis.
Puis la rubrique botanique de notre numéro 11 revient sur la famille des Dipsacacées au travers du témoignage de Guillaume Portero. Enfin, pour clôturer ce numéro, nous poursuivons notre voyage en terre Lapone, à travers le récit de Lucie d’Heygère et d’une randonnée sur un lac glacé.
Bonne lecture à tous,
Armande JAMMES pour Openfield