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Regards sur la ville ordinaire

Estampes numériques associant dessin de croquis sur place et colorisation numérique

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LILLE ET LOMME

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Dans l’impasse, Lille Fives. 2015. 49x39cm. ©N.Vanpoucke
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Les aciéries de Longwy, Lomme. 2015. 49x39cm ©N.Vanpoucke
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Les grues, Lille Fives. 2015. 39x49cm ©N.Vanpoucke
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Les oiseaux, Lomme. 2015. 49x39cm ©N.Vanpoucke

VILLE ORDINAIRE

Ville ordinaire.2016.69x49cm ©N.Vanpoucke

ISTANBUL

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Dans le secret du Harem, Istanbul. 2016. 39x49cm ©N.Vanpoucke
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L’Hôtel de l’Orient Express, Istanbul. 2016 39x49cm ©N.Vanpoucke
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Sainte-Sophie, Istanbul. 2016. 39x49cm ©N.Vanpoucke

GUINÉE CONAKRY

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En route vers Conakry, Guinée Conakry. 2015. 12x17cm ©N.Vanpoucke
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Kindia, Guinée Conakry. 2015. 20x29cm ©N.Vanpoucke
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La rue de Mama, Guinée Conakry. 2015. 20x29cm N.Vanpoucke

SAINT-LOUIS DU SÉNÉGAL

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L’île des pêcheurs, Saint-Louis du Sénégal. 2015. 20x29cm ©N.Vanpoucke
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La vue du fleuve, Saint-Louis du Sénégal. 2015. 29x39cm ©N.Vanpoucke

Entretien avec Nicolas Vanpoucke.

Par Anaïs Jeunehomme

Anaïs Jeunehomme : Quel a été ton parcours depuis ton diplôme de paysagiste à l’ENSNP en 2006?
Nicolas Vanpoucke : A la sortie de l’école j’ai choisi de m’orienter vers la maîtrise d’œuvre en intégrant une agence lilloise de paysage. Après un an, je me suis rendu compte que je n’étais pas à ma place et que ce n’était pas comme cela que je souhaitais mettre en application mes compétences de paysagiste.
Une opportunité s’est offerte à moi et j’ai intégré la direction de la maîtrise d’ouvrage des espaces publics de la ville de Lille. Depuis, je pilote les grandes opérations de requalification des espaces publics lillois en tant que maître d’ouvrage et suis associé aux différents projets d’urbanisme en tant que « conseil » sur les questions d’espaces publics.
Cette échelle de travail tant géographique, temporelle et politique me correspond d’avantage et il me semble essentiel que des paysagistes intègrent la maîtrise d’ouvrage pour défendre et associer nos compétences dans la construction de la ville. Et depuis deux ans, je partage ce travail avec une activité d’illustrateur.

A.J.: Avais-tu continué à dessiner après tes études?
N.V.: Mon biais d’expression est principalement celui du dessin. Il s’agit du mode de représentation qui me permet d’exprimer au mieux mes ressentis et idées. Alors oui, j’ai continué de dessiner à toutes occasions. J’aime voyager et pour moi le dessin me permet de retranscrire et de me souvenir de mes impressions mieux que la photo ou l’écrit.

A.J.: Qu’est ce qui t’a conduit à avoir cette démarche artistique et à exposer tes dessins?
N.V.: L’empilement, les autres.
Mes dessins, c’était comme un tas de photos développées après un voyage. Pas vraiment d’intérêt à le partager, il s’agissait de souvenirs personnels. Et puis comme les photos, cela s’entasse dans un placard sans rien en faire. Peu de gens savaient que je dessinais.
Au final, une personne m’a poussé à dépoussiérer tout ça et à en faire quelque chose, en tout cas, à essayer. Puis un concours de circonstances a ensuite fait qu’on m’a proposé de réaliser une série sur le thème des friches urbaines pour une petite exposition locale avec deux autres artistes (un photographe et un illustrateur). Les retours ont été très positifs et m’ont encouragé à me lancer dans l’aventure.

A.J.: Comment conjugues-tu tes deux activités? Sous quelle forme? Dans le temps?…
N.V.: Depuis deux ans, je suis à la fois maître d’ouvrage d’espaces publics et « illustrateur ». Je travaille quatre jours par semaine à la ville de Lille et le vendredi (mais aussi le soir, le week-end, …) est réservé à mon autre activité.
Mon travail d’illustrateur c’est avant tout des rencontres et grâce à elles, j’ai intégré un atelier d’artistes, « L’atelier 4 » depuis janvier 2016. L’atelier est partagé avec un autre illustrateur, une artiste qui travaille le verre, une graveuse et un artiste qui travaille sur la vidéo et des décors de théâtre. Cette répartition me convient parfaitement et me permet d’être libre dans la réalisation de mes projets « artistiques ». Ayant déjà une activité professionnelle salariée rémunérée, je ne suis pas obligé de répondre à des commandes en tant qu’illustrateur.

A.J.: Quel est le message que tu souhaites faire passer à travers tes dessins?
N.V.: Vaste sujet! Y a t-il besoin de faire passer un message? J’aime voyager, rencontrer d’autres personnes, comprendre d’autres cultures, partager. Une amie dit souvent : « nous ne détenons pas la vérité ». Alors je dirais qu’avec mes dessins qui, pour moi, sont une forme de carnets de voyage, je cherche à faire découvrir le monde aux autres à travers mon propre prisme et illustrer les « autres vérités ». Emmener les personnes qui se plongent dans mon univers dans des lieux qu’ils ne connaissent pas, leur donner envie de regarder autrement, les inviter à voyager eux aussi. Et pas forcément à l’autre bout du monde: juste observer les choses qui les entoure avec un autre regard.
Avec ces périodes de repli sur soi généralisé, cela me semble primordial d’ouvrir les yeux sur le reste du monde. Ce qui me touche le plus au final, ce sont les rencontres que mes dessins engendrent: que ce soit à l’autre bout du monde assis par terre dans un marché à Saint-Louis du Sénégal ou en France lors d’une exposition, quand quelqu’un reconnaît un lieu et que l’on passe une heure à en parler.

A.J.: Comment choisis-tu tes sujets?
N.V.: Au gré de mes envies, je ne réponds généralement pas à des commandes. J’illustre mes pérégrinations personnelles ici et ailleurs. Je peux tout aussi bien dessiner un bâtiment dans mon quartier car il me touche, que mon dernier voyage en Guinée Conakry ou à Istanbul.
Cependant je les regroupe par série pour qu’il existe une ligne directrice dans le thème et la palette chromatique. Généralement, je travaille plutôt sur des grands formats ce qui implique deux techniques.
Je dessine toujours dans l’espace que je vois, in situ, à l’encre, façon “carnets de voyage” et j’applique à ce travail de trait un ajout numérique d’aplats de couleurs. Je sors ensuite des tirages numérotés appelées « estampes numériques ». J’expérimente également d’autres techniques à l’atelier, notamment différents types de gravure (sur rénalon, linogravure, …).

 

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Pour référencer cet article :

Nicolas Vanpoucke, Regards sur la ville ordinaire, Openfield numéro 8, Février 2017